V.I. dans le Calvados et l'Orne

Un article de RcmWiki.

Ce récit est extrait du Pignon voyageur

V.I. dans le Calvados et l'Orne

Pierre D., mai 2007

Du samedi 19 mai au samedi 26 mai 2007

Participants 
Marguerite-Marie et moi-même
Matériel
M.M, sa randonneuse Méral avec son petit sac de guidon, sa mallette de porte-bagages arrière et ses deux sacoches latérales Pégar (ravitaillement de secours).
Moi, ma randonneuse bleue Berthoud avec mon sac de guidon, mes deux surbaissées avant, et à l’arrière les deux sacoches bleues Chapak (bagages de M.M.). Au pédalier, j’ai 44/36/24, à l’arrière 14/16/18/20/22/24.
Sommaire
1° étape : Blangy-le- Château – Argentan 91km
2° étape : Argentan – Putanges 74km
3° étape : Putanges - Villers-Bocage 64km
4° étape : Villers-Bocage – Montfiquet 56km
5° étape : Montfiquet – Troarn 59km
6° étape : Troarn - Blangy-le-Château 64km
Prévisions météo 
bonnes pour toute la semaine, en tout cas sans pluie, d’où notre décision de partir illico.

Arrivée au lieu de départ

Nous avons quitté Marcq le vendredi 18 mai à 14h30, par l’autoroute, direction Amiens et Rouen, pour prendre la A13. Nous l’avons quittée à Beuzeville pour la D22 vers Bonneville-la-Louvet, puis Blangy-le-Château. Nous avions réservé à l’hôtel Le Bernay. Celui se trouve sur la place et nous le trouvons sans peine. L’hôtel est très simple, mais les gens très accueillants.



EN ROUTE

Samedi 19 mai : Blangy-le-Château — Argentan

Nous quittons nos hôtes à 8h20 en leur laissant en garde notre voiture, garée dans la cour de l’hôtel, et en leur confiant les clés.

Tout de suite, nous nous rendons compte que nous ne sommes plus dans notre cher plat pays, les côtes ne sont pas très longues, mais assez « nerveuses ».

Notre première destination est Lisieux, distant d’une vingtaine de kilomètres. Nous y arrivons en passant par St-Philbert-des Champs. Lisieux, c’est pour moi un souvenir de mai 1940. Mes parents, ayant dû abandonner leur voiture accidentée à Nurlu, près de Péronne dans la Somme, avaient, après moult péripéties, été hébergés près de Lisieux. Et je me souviens que nous étions venus à pied jusqu’à la Basilique, en passant par d’adorables chemins de campagne bordés de pâtures et de vergers. Je suis repassé à Lisieux vers 1950, au cours d’un voyage à vélo de Valenciennes à St-Cast avec deux compagnons de route. Cette année, c’est donc la troisième fois que j’y viens. Pour Marguerite-Marie, c’est la première fois. On peut aimer ou ne pas aimer la Basilique, c’est selon les goûts de chacun. Pour moi, je la trouve plus accueillante et « chaude » que La Treille à Lille, par exemple.

Nous nous dirigeons ensuite vers Orbec, par la petite route D272 parallèle à la D519 plus fréquentée. Nous y arrivons à midi, et, trouvant le menu du jour proposé par le Touriste-Bar à notre goût, nous nous y arrêtons, après une visite rapide de cette charmante petite ville.

Bien restaurés, nous repartons pour Vimoutiers, en franchissant au passage la frontière du Calvados pour entrer dans l’Orne. Ici c’est le pays du camembert, et en effet, Camembert n’est pas loin, nous pourrions y aller, mais pour rejoindre ensuite notre itinéraire, il faudrait affronter une côte à 15%, est-ce bien raisonnable ? Nous ne le pensons pas et renonçons au camembert dégusté à la source.

Nous nous arrêtons par contre un peu plus loin, au mémorial de Coudehard-Montormel, érigé en souvenir des divisions polonaises et canadiennes qui ont fermé la poche de Falaise et permis l’encerclement et l’anéantissement de la 7°armée allemande, mettant ainsi fin à la bataille de Normandie et ouvrant la porte aux armées alliées vers Paris et l’Allemagne.

A Chambois, petit arrêt casse-croûte devant l’église, qui nous permet d’être témoin de retrouvailles entre deux personnages, tous deux utilisant les mêmes moyens de locomotion que nous. L’un, dans la soixantaine, quelque peu enrobé, vient, comme nous, de la direction de Montormel et s’arrête sur le trottoir d’en face, un peu en amont de nous. L’autre, d’un âge où on n’a plus d’âge, sec comme un coup de trique, monte allégrement, sous nos yeux admiratifs, la côte qui mène à l’église et que nous allons bientôt descendre. Il s’arrête à hauteur de l’autre et, sur l’initiative de qui, on ne sait plus, la conversation s’engage. Marguerite-Marie, qui a encore l’ouie fine, me traduit qu’il s’agit de l’instituteur du village, qui vient de retrouver un de ses anciens élèves et nous imaginons sans peine tous les bons et moins bons souvenirs qui vont refaire surface pour le plus grand plaisir de chacun d’eux. Comme quoi, l’enseignement, ou le vélo ?, ça conserve ! Et de philosopher ainsi en dévalant vers la Dives et en montant la dernière côte qui nous sépare encore d’Argentan, notre première étape où nous attend l’Hôtel des Voyageurs.

Dimanche 20 mai : Argentan — Putanges-Pont-Écrepin

Argentan n’est distant de Putanges que de 19 km, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Et descendre vers le sud-ouest quand Putanges se trouve plein ouest ? Parce qu’il faut aller à Bagnoles de l’Orne chercher le tampon de la ville pour le Brevet des Provinces Françaises. Et pourtant, nous y sommes allés en avril 1992 au cours du voyage Marcq - Mont St-Michel. Je me souviens que nous avons mangé notre pique-nique dans un café pas loin du lac, par un temps pluvieux et désagréable. Ceci explique peut-être que j’ai oublié alors de pointer ma carte BPF

En tout cas nous voilà en route pour Bagnoles en passant par Rânes et La Ferté-Macé. C’est une route rouge mais qu’importe, c’est dimanche matin et les automobilistes ne sont pas encore réveillés ! Le temps n’est pas merveilleux, et la météo n’est pas encourageante, mais ce qui nous inquiète davantage, c’est qu’a lieu aujourd’hui un meeting à Bagnoles, avec une prestation de la Patrouille de France. Effectivement, malgré le temps bouché, voici l’escadrille qui dessine ses arabesques tricolores au-dessus de nos têtes. Cela ne nous empêche pas de progresser, d’autant moins que les voitures sont étonnamment peu nombreuses, et nous arrivons près de Bagnoles.

Les panneaux nous proposent Bagnoles-le-lac et Bagnoles le château. M.M. opterait pour le lac, mais je choisis le château, pour un bien et un mal. Un mal parce qu’on fait un détour et que je ne retrouve pas mes souvenirs de 1992. Un bien parce que voici une brasserie ouverte le « Beverly », qui nous tente d’autant plus que l’heure s’avance et que nous risquons de plus rien trouver. D’ailleurs, il ne reste plus qu’une table libre, ce sera donc pour nous. Et nous nous en félicitons, car nous nous régalons.

Réconfortés par ce bon repas, et nanti cette fois du précieux tampon, nous reprenons nos montures et nous dirigeons vers St-Michel des Andaines. Et c’est alors que je retrouve les lieux restés dans ma mémoire, le lac, le café du pique-nique de 92, les beaux hôtels, puis nous longeons l’hippodrome, traversons St-Michel, la Sauvagère. Peu après, la pluie commence à tomber, et vu l’état du ciel, nous mettons tout de suite nos capes. Bien nous en prend, car la pluie nous suivra pendant 20km, jusqu’à Putanges. Heureusement, nous trouvons facilement notre hôtel, le Lion Verd. Il y a beaucoup de monde, sans doute y a-t-il eu un banquet, un repas de communion peut-être, et à cause de la pluie tout le monde est resté à l’intérieur. De nombreuses paires d’yeux me détaillent de la tête aux pieds quand je franchis la porte de l’établissement dans mon accoutrement insolite. Le maître d’hôtel nous conduit tout de suite au garage et nous propose de prendre nos capes pour les mettre à sécher dans la chaufferie, ce que nous acceptons bien volontiers. C’est la première fois que je vois une cave d’hôtel si bien rangée : les bouteilles et les casiers sont parfaitement alignés comme pour une revue de détail. Par contre, à cause du niveau de ce local, légèrement plus bas que la cour, l’eau s’est infiltrée sous la porte, mais sans conséquence.

Avec nos sacoches à la main, nous repartons vers l’hôtel. L’assistance a déjà diminué, et on nous confirme ce que nous savions déjà, que pour ce soir ce sera un repas froid, car le restaurant est fermé le dimanche soir, et il nous sera servi dans la chambre.

Lundi 21 mai : Putanges — Villers-Bocage

Au lever, horreur, il pleut encore ! En descendant, je vois arriver la patronne de l’hôtel avec son parapluie, et, pendant qu’elle repart chercher le pain, je vais mettre les sacoches sur les vélos. Je m’aperçois que j’ai perdu la sangle de mon sac de guidon, heureusement, j’ai une courroie de cale-pied en remplacement. De retour à l’hôtel, je revois la patronne et nous échangeons les propos de circonstance sur le temps. Pour elle, c’est parti pour la journée, voilà qui est fait pour nous remonter le moral !

En fait, il pleut maintenant très fort et il n’est pas question de partir immédiatement. Entretemps, une serveuse m’apporte une sangle trouvée dans l’entrée et me demande si elle ne m’appartiendrait pas. Mais si bien sûr, c’est la sangle perdue ce matin en descendant les sacoches. Merci, madame. Prêts pour 8h30, nous attendons jusqu’à 9h. et profitant d’une accalmie, nous prenons la route avec nos capes, revenues sèches de la chaufferie. L’amélioration se confirme, la pluie se transformant en bruine.

Notre objectif immédiat est Thury-Harcourt. Pour y aller, nous choisissons la petite route qui mène sur le côteau par Mesnil-Hermet, le Mesnil-Jacquet, Bonnoeil, de préférence à la vallée par Pont d’Ouilly et la longue montée sur Saint-Clair. Le facteur, consulté à Mesnil-Hermet sur notre itinéraire, nous donne raison.

Entretemps, la pluie a enfin cessé, et nous retirons nos capes en rentrant dans le Calvados.

A Thury-Harcourt, nous nous arrêtons au « Bon Accueil ». Et l’enseigne ne ment pas : tout y est bien : accueil, table, boisson à discrétion, prix plus que raisonnable. Ainsi réconfortés, nous repartons, après visite rapide de l’église, vers Aunay s/ Odon et Villers-Bocage, notre étape du jour.

Ici aussi, ce doit être un repas froid, mais servi en bas, à l’abri des regards indiscrets, car le restaurant est fermé ce soir. Mais quand nous descendons, on nous propose des tripes à la mode de Caen, car le fils de la maison qui est le cuisinier et qui s’est distingué à plusieurs reprises en remportant des premiers prix locaux et nationaux avec cette spécialité, s’offre à nous faire apprécier son savoir-faire. Nous acceptons bien volontiers, et ne le regrettons pas. Si, d’aventure vous passez par-là, descendez donc à l’hôtel « les trois Rois » et commandez au repas des tripes à la mode de Caen.

Mardi 22 mai : Villers-Bocage — Montfiquet

Brouillard au départ en direction de Caumont-l’Eventé.

Route droite sans problème, vers Condé-s/ Vire. On y mange dans un café-brasserie, puis remise en route vers St-Jean des Baisants et le Carrefour aux Bœufs. Justement, il y en a dans un pré et M.M. fait une photo. Notre hôtel se situe sur la commune de Montfiquet, non pas au village même, mais au lieu-dit : « L’Embranchement », c’est-à-dire plus au nord-est, sur la grand-route D572. Quand nous y arrivons, il y a un contingent de gendarmes devant l’hôtel, mais, renseignement pris, ce n’est pas pour nous, on y attend un convoi sous haute surveillance. Peu après en effet, le voici, composé de deux ou trois camions complètement fermés, escortés par des motards. On nous parle de produits chimiques. Le convoi ne reste pas longtemps et reprend la route pendant que nous nous installons dans une chambre au rez-de-chaussée, côté forêt, avec trois lits individuels entre lesquels il n’y a qu’à choisir.

Mercredi 23 mai : Montfiquet — Troarn

Premier objectif : pointer à Balleroy. On ne peut qu’admirer le château de loin, car on ne visite pas. Et faire des photos. Après quoi, plein cap à l’est direction Caen.Un peu de tâtonnement pour arriver dans le centre. Devant le « Restaurant des Cyclistes », un quidam questionné nous dit que l’on ferait mieux d’aller à la « Taverne du Palais » ; conseil suivi pour notre plus grande satisfaction, car on y mange bien pour pas cher, on nous renseigne sur le chemin pour l’abbaye aux Dames, (l’abbaye aux Hommes, on l’avait vue le matin), ainsi que pour sortir facilement de la ville, en allant prendre la piste cyclable qui longe le canal. On le franchit plus loin, non sans avoir vu une régate sur ledit canal. Passons par Colombelles, et évitons donc la N175. Nous arrivons ainsi à Troarn, où nous avons réservé à l’hôtel « le Clos Normand ». C’est bien choisi.

Jeudi 24 mai : Troarn — Blangy-le-Château

Une belle petite route tranquille nous mène à Beuvron-en-Auge, très joli village aux maisons à colombages, tout est parfaitement restauré à l’ancienne et « léché », un peu trop peut-être. Puis en route vers Le Breuil en-Auge, c’est tout plat ou presque. Après la vallée de la Touque, nous devons mériter notre repas en gravissant les dernières côtes pour arriver à Blangy-le-Château où nous prenons des forces avant d’aller chercher le dernier BPF du Calvados à Honfleur.

En y allant, nous passant par Equemauville. Alors, cela ne nous disait rien, mais nous avons appris depuis que c’est là que s’était retiré Michel Serraut, qui nous a quittés il y a peu de temps.

A Honfleur, bien que ce ne soit pas encore la grande saison, la foule est déjà dense et les voitures nombreuses. Comme nous sommes déjà venus à Honfleur, en 93, lors de la semaine fédérale de Rouen, et là encore sans pointer pour le BPF, nous accomplissons cette formalité et sans trop nous attarder, avec néanmoins une pointe de regret, nous reprenons par la longue côte qui nous ramène à Equemauville, la route de Blangy-le-Château, notre base de départ.

Il faudrait quand même aller voir le château avant de quitter ce charmant petit village. La patronne de l’hôtel, interrogée, le qualifie plutôt de tas de pierres. Voilà qui pique encore plus notre curiosité, les gens sont parfois indifférents aux beautés architecturales de leur pays. Allons donc voir. Eh bien non, la patronne a vraiment raison, le château n’est plus qu’un tas de pierres, même si un drapeau flotte au vent sur son sommet. Dommage.

Ainsi s’achève notre périple Calvados/Orne.

Reste encore, pour en finir avec la Normandie, la Manche, mais ceci est une autre histoire.

Pierre